Le Favory. Tragi-comédie (1665) : À Monseigneur de Lionne, ministre et secrétaire d'État / Privilège
Le Favory. Tragi-comédie. Par Mademoiselle Des Jardins
(Paris, Louis Billaine ou Thomas Jolly ou Guillaume de Luyne ou Gabriel Quinet, 1665),
dans Théâtre de femmes de l'Ancien Régime, vol. 2, XVIIe siècle, Anthologie,
Aurore Évain, Perry Gethner, Henriette Goldwyn (dir.),
Saint-Étienne, Publications de l'Université de Saint-Étienne,
collection « La Cité des Dames », n° 6, 2008, p. 399-400
(éd. Gabriel Quinet, BM de Lyon, cote 801958 pour le Privilège) :
À MONSEIGNEUR DE LIONNE, MINISTRE ET SECRÉTAIRE D'ÉTAT.
Monseigneur,
Ce n'est pas pour avoir l'honneur de faire votre éloge que je prends la liberté de vous dédier cette comédie, bien que ce soit la maxime de la plus grande partie d'auteurs d'en user de cette sorte. Une épître me semble de trop peu d'étendue pour un ouvrage de cette importance, et je suis trop mauvaise rhétoricienne pour l'entreprendre. Je laisse à ceux qui écriront l'histoire du plus juste et du plus grand de tous les rois à vous donner la place que la gloire de son choix vous a fait mériter. Et le caractère du panégyrique n'étant conforme ni à l'enjouement de ma science, ni à la faiblesse de mon génie, c'est moins pour vous louer que pour vous divertir, que mon favori et ma coquette osent se présenter devant vous. Si Moncade est assez heureux pour dérober à l'univers une heure de votre audience, je le tiens plus honoré de cette faveur, que de toute celles du roi de Barcelone.
Et pour notre jeune coquette
Si son amour pour la fleurette,
Ses regards affectés, ses souris et ses soins,
Sont assez heureux pour vous plaire,
On blâme en vain son caractère ;
On peut être coquette à moins.
Quelque succès que leur témérité puisse avoir, j'en aurai toujours un très favorable pour moi, si cette petite offrande est reçue de vous comme une marque du zèle que je vous ai voué, et si, à la permission de vous présenter cet ouvrage, vous y joignez celle de me dire,
Monseigneur,
Votre très humble et très obéissante servante,
DESJARDINS.
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Privilège du Roy.
Louis par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, A nos amez & feaux nos Gens tenans nos Cours de Parlement, Maitres des Requestes ordinaires de nostre Hostel, Baillifs, Seneschaux, ou autres nos Justiciers et Officiers, Salut ; Nostre bien amée LA DEMOISELLE DES JARDINS nous a fait remonstrer qu’elle desireroit faire imprimer un Poëme de sa composition intitulé, La Comedie du Favory, s’il nous plaisoit luy en octroyer la permission, & nos lettres sur ce necessaires ; A CES CAUSES, desirant favorablement traitter ladite exposante, Nous luy avons permis & permettons par ces presentes de faire imprimer par tel Imprimeur & Libraire qu’il luy plaira ledit livre, en telle marge & caractere que bon luy semblera, pendant le temps & espace de cinq années, à commencer du iour qu’il sera achevé d’imprimer pour la première fois de chacun volume, pendant lequel temps nous faisons tres‑expresses inhibitions & deffences à tous Imprimeurs, Libraires, ou autres de quelque qualité & condition qu’ils soient, d’imprimer, ou faire imprimer, vendre, ny debiter ledit livre sans le consentement de l’Exposante, ou de ceux qui auront droit d’elle, sous pretexte d’augmentation, correction, changement de titre, fausse marque, ou autrement, en quelque sorte & maniere que ce soit, à peine de deux mil livres d’amende, applicable un tiers à l’Hostel‑Dieu de nostre bonne Ville de Paris, un tiers à l’Hospital General dudit lieu, & l’autre tiers à l’Exposante, confiscation des exemplaires contrefaits, & de tous despens, dommages & interests ; à condition qu’il sera mis deux exemplaires dudit livre en nostre Bibliotheque, un au cabinet de nostre Chasteau du Louvre, un autre en celle de nostre tres‑cher & feal Chancelier de France le Sieur Seguier, avant que de l’exposer en vente : comme aussi de faire registrer ces presentes és Registres du Syndic des Libraires, à peine de nullité des presentes, du contenu desquelles nous voulons que vous fassiez joüir l’Exposante, ou ceux qui auront droit d’elle, plainement & paisiblement, sans qu’il luy soit donné aucun trouble ny empeschement à ce contraire ; Voulons aussi qu’en mettant au commencement ou à la fin des exemplaires dudit livre un Extrait des presentes, qu’elles soient tenües pour deûement signifiées, & que foy soit adjoustée aux copies collationnées par l’un de nos amez & feaux Conseillers & Secretaires comme à l’Original ; Mandons au premier nostre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l’execution des presentes tous actes & significations que besoin sera, sans demander autre permission : CAR TEL EST NOSTRE PLAISIR, nonobstant clameur de Haro, Chartre Normande, prise à parties & autres lettres à ce contraires. DONNE à Paris le [blanc] jour de [blanc] l’an de grace mil six cent soixante cinq, & de nostre regne le vingt‑troisiéme. Signé, Par le Roy en son Conseil. GUITONNEAU.
Et ladite Demoiselle Des Jardins a cedé le Privilège aux Sieurs Thomas Jolly, Guillaume de Luyne, Louys Billaine, & Gabriel Quinet, Marchand Libraires à Paris, pour en joüir suivant l’accord fait entr’eux.
Achevé d’imprimer pour la premiere fois le 10. Octobre 1665.
Voir aussi l'œuvre en ligne.