Récit en prose et en vers de la farce des Précieuses (1660) : Préface
Récit en prose et en vers de la farce des Précieuses
(Paris, Barbin, 1660),
éd. M. Cuénin, dans Les Précieuses Ridicules :
documents contemporains : lexique du vocabulaire précieux,
Genève, Droz ; Paris, Minard, 1973 :
PRÉFACE.
Si j'étais assez heureuse pour être connue de tous ceux qui liront le récit des Précieuses je ne serais pas obligée de leur protester qu'on l'a imprimé sans mon consentement, et même sans que je l'aie su. Mais comme la douleur que cet accident m'a causé, et les efforts que j'ai faits pour l'empêcher sont des choses dont le public est assez mal informé, j'ai cru à propos de l'avertir que cette lettre fut écrite à une personne de qualité, qui m'avait demandé cette marque de mon obéissance dans un temps où je n'avais pas encore vu sur le théâtre Les Précieuses ; de sorte qu'elle n'est faite que sur le rapport d'autrui, et je crois qu'il est aisé de connaître cette vérité par l'ordre que je tiens dans mon récit, car il est peu différent de celui de cette farce. Cette seule circonstance semblait suffire pour sauver ma lettre de la Presse, mais Monsieur de Luyne en a autrement ordonné, et malgré des projets plus raisonnables me voilà, puisqu'il plaît à Dieu, imprimée pour une bagatelle. Cette aventure est assurément fort fâcheuse pour une personne de mon humeur, mais il ne tiendra qu'au public de m'en consoler, non pas en m'accordant son approbation (car j'aurais mauvaise opinion de lui s'il la donnait à si peu de chose) mais en se persuadant que je n'ai appris l'impression de ma lettre que dans un temps où il n'était plus en mon pouvoir de l'empêcher. J'espère cette justice de lui, et le prie de croire que si mon âge et ma façon d'agir lui étaient connues, il jugerait plus favorablement de moi que cette lettre ne semble le mériter.
Voir aussi l'œuvre en ligne.