Le Journal amoureux (1669-1671) : Au Lecteur / Privilège

Marie-Catherine de Villedieu, gravure de Charles Devrits (1845)

 

Le Journal amoureux (sans nom d'auteur),
6 Parties, 1669-1670-1671 (Ars. 8° BL 22192-22193) :

 

AU LECTEUR.


Encore qu'il y ait beaucoup de noms illustres dans cette histoire, qui la font croire véritable, il ne faut pas toutefois la regarder de cette manière. C'est un petit roman fait sous le règne de Henri II. Comme nous en avons vu sous celui d'Alexandre et d'Auguste. L'on n'y a inseré des noms connus, que pour flatter plus agréablement votre imagination. La princesse de Montpensier, dont le nom semblait intéresser tant de personnes qui tiennent encore les premiers rangs en France, n'en a intéressé aucune par cette raison. Ce journal étant un simple jeu d'esprit ; et l'auteur n'ayant que votre divertissement pour objet, elle se persuade que l'on n'en tirera aucune conséquence contraire à son intention.

 

SECONDE PARTIE.
 

ADVERTISSEMENT

au Lecteur

L’Avertissement que je vous ai fait sur la première partie du Journal sembleroit devoir suffire pour celle-cy. La protestation sincere qu’on y fait, que les noms connus ne sont qu’une couleur affectée pour rendre la fable plus agreable, convient encore mieux à Madame Marguerite qu’à Madame la Duchesse de Valentinois ; on sçait que cette Princesse n’avoit que neuf ou dix ans lors que la Cour alla au voyage, ainsi est assez facile de croire que c’est une histoire faite à plaisir, qui sert de Scene à cét Ouvrage. les gens qui sçavent un peu l’Histoire n’ignorent pas que Monsieur d’Aumale, & l’Admiral de Chastillon, estoient à Paris en ce temps-là, & se trouvoient rarement ensemble à la Cour, & ceux qui ont penetré les secrets de l’Histoire connoistront bien que la fable du Cardinal d’Armagnac, est plûtost une ironie délicate de ses défauts, qu’un reproche de sa galanterie, mais comme il se trouve des censeurs qui aiment mieux démentir leur propre connoissance, que de renoncer à la censure, je me suis crû obligé d’avertir de nouveau les Lecteurs qu’il n’y a rien de vray dans cet Ouvrage que la protestation que je luy fais qu’il est un mensonge.

 

CINQUIÈME PARTIE.


On soupçonne mon génie d'une fécondité si générale que j'ai cru devoir aux erreurs du public, quelques lignes d'avertissement sincère. Je ne prétends point blâmer les livres que je désavoue ; mais par un pur scrupule sur les larcins de la gloire d'autrui, je déclare n'avoir aucune part, à la troisième, et quatrième parties du Journal Amoureux. Un manuscrit de la première, m'estant tombé entre les mains : il me sembla que le corps de cet ouvrage ne répondait pas au bonheur de son titre. Je m'avisai d'y chercher un plan, et ce changement de scène, demandant un changement de stile, je narrai les incidents à ma manière : j'en disposai l'ordre : je convertis quelques récits en action, et quelques actions, en récit ; je mis en vers la fable d'Actéon, qui n'était qu'une pensée de quatre lignes de prose, et je la préparai par la conversation de la galerie. Si j'étais demeurée la maîtresse absolue de cet ouvrage, je n'y aurais laissé aucune chose que je n'eusse fait gloire d'avouer, mais la licence où on s'est dispensé malgré moi dans quelques endroits, me fait supplier le lecteur de séparer mes idées de celles qui ne doivent pas m'être propres. La seconde partie est toute de moi, et je n'ai pu refuser aux instances de mon libraire, de faire la cinq, et la six, que je donne aujourd'hui au public. Je prends un règne plus éloigné, ces sortes d'ouvrages ne demandent point de chronologie, et l'historien des amours de Monsieur d'Anjou, sera peut-être bien aise qu'on le laisse dans la liberté de pousser l'intrigue plus loin ; mais pour éviter toutes méprises à l'avenir, je mets à la fin de ces deux tomes un catalogue que j'ai composé, il est fidèle jusques à la fin d'avril de l'année 1671. et je proteste n'avoir jamais fait imprimer que les livres dont il fait mention.

 

SIXIÈME PARTIE.


Catalogue des ouvrages composés, par Madame de Villedieu, tant sous le nom de Mademoiselle Desjardins, que sous celui qu'elle porte à présent.

Alcidamie en deux tomes ;
Un Recueil de poésies diverses où on a joint trois pièces de théâtre ;
Lisandre, Cléonice, Anaxandre, Carmente en deux tomes, nouvelles différentes ;
Quelques lettres, en forme de relations sur mon voyage de Flandres ;
Un second Recueil de poésies, où sont contenues huit fables dédiées au Roi ;
Un petit ouvrage intitulé le Carousel de Mgr le Dauphin, on y a joint quelques pièces détachées que je désavoue, et que les connaisseurs ne m'auraient sans doute pas attribuées.
Trois tomes du Journal amoureux, savoir le II, V, et VI.
Les Annales Galantes en quatre Tomes, I, II, III et IV.
Deux Tomes des Amours des Grands Hommes.

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Extraict du Privilege du Roy.

 Par grace & Privilege du Roy, donné à Paris le 22. Septembre 1669. Signé DALANCE : Il est permis à DENYS THIERRY, d’imprimer un Livre intitulé, Journal Amoureux, pendant sept années, & defences sont faites à tous Libraires d’en imprimer ny debiter sans le consentement dudit Exposant, ou de ceux qui auront droit de luy, sur les peines portées par ledit Privilege : ainsi qu’il est plus au long porté par lesdites Lettres.

Et ledit Thierry a cedé son droit de Privilege à Claude Barbin, suivant l’accord fait entreeux (sic).

 Achevé d’imprimer pour la première fois, le 25. Septembre 1669.

[t. II, même Privilège avec un autre achevé d'imprimer : « Achevé d’imprimer cette seconde Partie pour la première fois, le 21. Avril »]

 Les exemplaires ont été fournis.

Registré sur le Livre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, suivant & conformément à l'Arrest de la Cour de Parlement du 18. Avril 1653. Signé, A. SOUBRON Syndic.

Voir aussi le résumé.