Anaxandre. Nouvelle (1667)
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ANAXANDRE[1]
Un « galant de profession », Anaxandre, aborde en une contrée qu’il baptise « Ile des Vertus » en raison de la moralité de ses habitants ; les dames notamment y affichent une vertu sévère. Cependant, malgré l’indifférence qu’elles témoignent à l’égard des vers amoureux, certaine Elégie en forme de songe[2] attire leur admiration. Elles sont d’autant plus curieuses d’en connaître l’auteur que celui‑ci est une femme. Anaxandre leur raconte donc l’
Histoire d’Iris et de Clidamis.
Ces deux jeunes gens, de naissance et de fortune égales, s’aiment depuis un an sans se l’oser dire. Clidamis, qui est officier, s’absente fréquemment pour se rendre aux frontières. Un jour, il revient dans la Capitale inopinément « pour rendre compte au Souverain de son voyage » ; le soir, il se rend à un bal masqué et se trouve brusquement en présence d’Iris, masquée elle aussi. Un tressaillement secret avertit la jeune fille, qui croyait pourtant Clidamis à cent lieues. Quant à lui, en dépit des bienséances, il se laisse emporter à une déclaration publique et enflammée ; Iris « demeure attachée à ce discours, comme une personne enchantée ». Sa tante doit « la tirer par la manche » pour la faire sortir, Clidamis, démasqué, la poursuit jusqu’à son carrosse, mais Iris, loin de lui en vouloir, se montre touchée de cet « excès ». Le lendemain, elle lui adresse des vers passionnés. Dès qu’il les a reçus, Clidamis se précipite chez son amante et tous deux songent à donner à leur passion des « fondements éternels », car :
« leur aventure avait fait un éclat si grand qu’ils comprirent qu’elle ne pouvait être justifiée que par un prompt mariage ”. (p. 33)
À peine cette décision est‑elle prise que la guerre s’allume aux frontières du Royaume. Iris fait parvenir à son fiancé une élégie touchante (La Solitaire[3]), qui ravit Anaxandre, l’ami de Clidamis. Il n’a de cesse qu’il ne fasse la connaissance d’une fille si spirituelle. Or, tandis que « les officiers considérables » comme Clidamis ne peuvent obtenir de permission, Anaxandre, d’un rang inférieur, peut revenir souvent dans la capitale. Il y arrive un jour de fête donnée « pour la naissance d’un jeune successeur que le ciel envoyait au monarque de ce Royaume » (description d’une course de traîneaux p. 48 et sq). L’une des plus belles écuyères est emportée par son cheval qui s’emballe ; Anaxandre lui sauve la vie : c’est justement Iris !
Anaxandre tombe amoureux d’elle. Aussi met‑il à profit la situation. S’étant offert pour transmettre à Clidamis les lettres d’Iris et en rapporter la réponse, il intercepte les unes et les autres ou les falsifie. Bientôt la pauvre Iris est persuadée que son amant lui est infidèle, et tandis qu’Anaxandre s’offre évidemment à la consoler, elle refuse, scandalisée, en justifiant longuement son point de vue (p. 62‑64). Rageur et dépité, Anaxandre abandonne l’entreprise, non sans laisser à Iris une lettre désespérée. Peu après, un courrier de l’armée se présente et propose d’emporter une lettre pour Clidamis. Iris venait justement d’en écrire une, mais le traître Anaxandre avait pris soin de la faire disparaître et de lui substituer la sienne. Sans méfiance, Iris prend celle qu’elle voit sur la table et qui contient en réalité l’aveu furieux du rival. Clidamis, bouleversé par les révélations qui lui sont faites, saute sur son cheval et revient bride abattue près d’Iris ; au débotté, il exige une explication. Tout s’éclaire rapidement, à la plus grande confusion d’Anaxandre qui décide de disparaître, « regardant l’union de ces deux amants comme un ouvrage des Astres ».
[1] Juin 1667 Ribou Ars. 8° BL 20567 in 12, 85 p.
[2] Réimprimée dans le Nouveau Recueil de 1669.
[3] cf. MSS. Conrart, t.XI et Nouveau Recueil.