Cléonice, ou le Roman galant. Nouvelle (1669)

portrait de Madame de Villedieu

 

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CLÉONICE OU LE ROMAN GALANT[1]

 

S’adressant au début de l’ouvrage à la duchesse de Nemours, elle la prévient qu’elle va lui faire le récit « d’une aventure des derniers siècles » dont l’héroïne portait « un nom assez illustre pour n’avoir pas besoin d’être déguisé », mais elle préfère lui donner celui de Cléonice pour « exciter la curiosité du lecteur et divertir son imagination ». (p. 462). Portrait physique mais surtout moral de la jeune fille (p. 463‑464) dont le trait dominant est la sincérité. La guerre qui depuis dix ans ravage son pays natal, lui a enlevé un père et un frère. Mais « bien que cette perte la laissât en possession d’une terre qui portait un titre de souveraineté, il n’y a rien qu’elle n’eût fait pour venger ce malheur ».

Artambare, gouverneur du pays où Cléonice était née et généralissime des troupes qui le défendaient, devint passionnément amoureux d’elle ”.

Son esprit farouche n’entraînait guère la sympathie, « aussi pouvait‑on dire que Cléonice recevait les marques de son amour par complaisance » et par intérêt. Artambare donne un tour cruel à la guerre et provoque des violences semblables de la part de Sicamber, commandant les troupes ennemies « malgré la douceur de son naturel ». Il remporte des succès militaires, mais cherche surtout à s’emparer de Cléonice qu’il sait être l’âme de la résistance. Elle échappe un jour de justesse à sa puissance, grâce à un inconnu dont elle garde un souvenir persistant. Un jour Artambare lui amène un prisonnier Célidor, propre fils de Sicamber. Non sans trouble, elle reconnaît en lui son sauveur. Il se mêle à la vie de Cour, aux divertissements mondains (emblèmes, rébus, vers). Un jour l’incendie prend dans le château, et c’est encore Célidor qui sauve la Princesse, mais il abandonne une cassette dont le contenu révèle qu’il s’est délibérément fait capturer pour que sa qualité d’otage puisse protéger la vie de Cléonice. Celle‑ci s’attendrit et se met à l’aimer de profonde tendresse. (Elégie, p. 502). Artambare assiste, derrière une palissade, à un tendre dialogue où triomphe une extrême « délicatesse » de la part de Cléonice. Artambare se jette alors sur Célidor qui se défend avec « l’aviron d’une gondole peinte et dorée qui voguait sur le canal » pour éviter de frapper mortellement « le général du parti de Cléonice ». Tandis que Cléonice se désespère (fort beaux vers irréguliers, pp. 526‑528), Artambare peut se saisir du jeune homme et fait savoir à la malheureuse qu’elle n’a le choix qu’entre devenir son épouse ou être responsable de la mort de Célidor. Guidée par une lettre de son amant (pp. 529‑531) qui lui assure que la manière la plus sûre de le perdre est de céder à la violence qui lui est faite, elle refuse l’ultimatum. Sicamber arrive alors en vainqueur et la fait prisonnière, en étant frappé d’admiration devant sa beauté (p. 539). Chacun des deux jeunes gens devient la caution de la vie de l’autre, et sachant la férocité d’Artambare, ils se croient promis tous les deux à la mort. En fait le général ne songe qu’à satisfaire son amour et se dispose à rendre Célidor si on lui laisse Cléonice. Sicamber refuse hautement, dans un discours d’une fière éloquence (p. 543), qui se termine par ces mots :

Je ne puis point la livrer à un homme qui n’est ni son père ni son mari et qui apparemment ne la demande que pour lui faire quelque violence puisqu’il se sert de moyens si violents pour l’obtenir ” (p. 544).

Artambare pointe alors son couteau sur la gorge du prisonnier mais ses officiers et deux princes étrangers, Eurillas et Dorimont l’empêchent, d’accomplir le geste fatal. La colère d’Artambare se mue en fureur et il retourne son arme contre lui‑même.

L’union de Célidor et de Cléonice est célébrée par Sicamber, avec la permission du Roi.

Si quelque savant dans l’histoire de nos derniers siècles s’avise de reconnaître un général fameux sous le nom de Célidor, il trouvera que cette aventure a été le nœud d’une alliance éternelle entre les deux couronnes qui étaient en guerre ”.

L’histoire a été connue par les deux Etrangers qui « vinrent en France où ils racontèrent cette histoire à des gens qui en ont laissé des Mémoires ».


[1] Éd. Barbin t. I (pp. 461‑550).