Rétif de La Bretonne

portrait de Madame de Villedieu

  • Les contemporaines ou Avantures des plus jolies femmes de l’âge présent, recueillies par N*** et publ. par Thimothée Joly, de Lyon, dépositaire de ses manuscrits [tomes 1-17], Leïpsick, Büschel Paris, Vve Duchesne, 1780-1782 :


Dès mon enfance, en lisant des romans, j’eus envie d’en faire : mais sentant bien qu’il manquait quelque chose à ceux que je lisais (c’était surtout ceux de Mme de Villedieu) et que ce quelque chose était la vérité, j’imaginai que si jamais j’avais le talent d’écrire, il faudrait prendre une route nouvelle, et ne point prostituer ma plume au mensonge. (t. 1, p. 6)

Pour moi, je trouve à ces Nouvelles un avantage inappréciable, c’est qu’elles n’ont pas ce genre d’intérêt fatiguant, pénible, absorbant des romans de Villedieu, de Prévost, &c. […] Mais, j’ai quelque chose de plus satisfaisant à répondre à ceux de mes honorables lecteurs, dont la morale est sévère, Experto crede Roberto : Je sais très certainement que les romans en général, adoucissent les mœurs, en éloignent le vice, et substituent des passions plus agréables aux passions féroces et brutales. J’ai vu produire des effets prodigieux en ce genre par les romans de Mme de Villedieu, sur des jeunes gens grossiers de ma province ; je les ai vu s’attendrir, pleurer, quitter la crapuleuse ivrognerie, l’insatiable gourmandise, &c. ; devenir tendres, polis. Les romans de Mme Riccoboni sont encore supérieurs à ceux de Villedieu, et doivent produire de plus puissants effets. (t. 5, p. 21)
 

  • Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé (1796-1797), éd. J. J. Pauvert, Paris, Librairie des Tuileries, 1959 :

 
Des romans me tombèrent sous la main ; hé ! quels romans ? ceux de Madame de Villedieu ; ils me tinrent trois mois dans le pays des illusions ; mon imagination romanesque se trouva dans son élément, et seuls ils auraient suffi pour me faire aimer la ville. Ce fut Villedieu qui me fit attendre patiemment Madame Parangon. (p. 430)